Croquer les Fougères

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Croquer les fougères… Pour en finir avec le sacré ?

Installation vidéo et spectacle-Parcours
Création 2015-2017

« Croquer les fougères » est la nouvelle résidence de création pluridisciplinaire imaginée par Vu D’un œuf dans le cadre de l’appel à projets « Mémoire vivante – Résidences de création du Centenaire de la Grande Guerre » initié dans le cadre du Centenaire de la guerre de 1914 à 1918 par le Département de la Meuse.
Avec une équipe artistique Autour d’Emmanuelle Pellegrini, poète, perfomeuse, mais aussi historienne de formation (titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine et des mondes étrangers de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne), une équipe artistique se constitue.

La conception du projet est assurée de manière collégiale :
– avec la chorégraphe Céline Larrère qui est aujourd’hui en résidence pour différents projets de l’association.
– avec le cinéaste Stéphane Collin, réalisateur de cinéma, originaire de la Meuse et qui a toujours été passionné par cet aspect de l’histoire du département (il a entre autre réalisé le moyen-métrage « TERRE » sur le sujet).
– avec Emilie Borgo, chorégraphe. Comme Stéphane Collin, elle faisait partie de la résidence « Cabotage en Meuse » qui était une proposition de parcours artistique et de création dans le département.
– deux musiciens très différents ont été choisis avec une forte ouverture internationale.

Tout d’abord la percussionniste Elisabeth Flunger (italienne germanophone née dans le sud-Tyrol) et ensuite le compositeur et spécialiste de captation de paysages sonores, Lee Patterson (Royaume-Uni). Ce dernier a déjà « rencontré » la Meuse dans la résidence de création « Atmosphérique » mise en place par Vu D’un œuf en 2012.

– pour compléter ce dispositif, nous avons enfin fait appel à Laurence Lenhard, ingénieur en environnement, pour son expertise et sa grande connaissance du terrain tant sur le plan historique qu’environnemental.
– pour la phase finale du projet qui aboutira au printemps de 2017, d’autres artistes vont être conviés toujours avec une équipe fortement internationale avec l’idée que ce conflit mondial est aussi une histoire où se mélange les langues, les cultures.

Les questionnements artistiques

Ce sont deux questions et une possibilité de réponse artistique. Un premier axe autour du poids du passé et de la trace. Un second axe posant la question de la possibilité de la commémoration. Et finalement la nécessité de la bienvaillance, au-delà du sacré.

« Ils n’ont pas passé »
100 ans après, qu’est-ce qui est tangible ?
« Ils n’ont pas passé »
Ce qui s’est passé, ce qui passe, ce que nous passons.
L’histoire, les histoires, la commémoration.
Plutôt que de se focaliser sur nous avons voulu travailler sur comment nous rendons ces traces vivantes et ce que nous activons.
Le lieu de mémoire.
La surprise du sacré.
Les traces cartographiques et le cheminement.
Incorporer les traces.

Quand on arpente le territoire meusien, on ne peut ignorer le poids d’une histoire, des histoires dont nous lisons les signes dans le paysage, signes que nous avons appris à reconnaître grâce à la passation de récits par des professeurs, aïeux, parents, amis, livres, images, films….
La construction du souvenir de la première Guerre Mondiale a fait de la Meuse une chair-terre ensanglantée comme si elle devait être marquée à jamais par les hordes d’hommes tombés au combat.
Les monuments et bâtiments qui commémorent cette guerre ont inscrit cette histoire dans le paysage de manière durable, figeant parfois le souvenir dans une forme de commémoration qui se voudrait atemporelle, alors que force est de constater qu’ils sont fortement liés eux-mêmes à un contexte historique et politique particulier.

La commémoration ?

Nous sommes principalement confrontées au sens de la commémoration.
Parce que nous nous sommes senties dépassées lors de nos visites sur les sites, parce que l’ampleur et l’horreur de ces événements créé une certaine sacralisation empêchante.

Il nous paraît important de remettre en mouvement la commémoration aujourd’hui.
Les lieux de mémoire qui se voudraient incorruptibles et surtout intangibles ont eux aussi une histoire.
Comme artistes, un des principal enjeu est de réfléchir sur le sens de l’histoire qui est un récit a posteriori pour fabriquer du sens à partir de faits historiques. Cette fabrication de sens est mouvante, bouge selon les époques.

Mais la terre meusienne est profondément marquée. Ce passé pèse également sur son présent.
C’est pourquoi nous souhaitons les réinvestir comme des lieux vivants / en vie.
Afin aussi que cet héritage ne soit pas un fardeau. L’idée étant de l’investir pour en faire un lieu de puissance de vie.

Qu’est-ce qu’on peut dire de la guerre ? La mort, l’héroïsme, l’indicible. Il faut aussi imaginer l’impossible, la folie créatrice à l’oeuvre dans la guerre. Et il y a bien sur la mémoire, les soldats, le paysage marqué par les morts.

La bienveillance

Le centenaire est pour nous l’occasion de travailler autour de ces lieux aujourdd’hui habités par les animaux dans un esprit habité par la bienveillance.
La bienveillance est peut-être ce dont on aurait envie quand on est meusien, pour échapper au sacré qui produit de l’impuissance, du dépassement.

La réponse est peut être d’amener des corps vivants dans ces espaces qui sont dédiés aux morts et où les seuls vivants sont des visiteurs. Des visiteurs qui restent par la force des choses dans un rapport un peu frontal. La tentative difficile est de Dé-figer ces lieux là, de les rendre vivants, sans oublier l’au-delà et la mémoire de tous ceux qui sont morts.

Les Éparges puis Douaumont

L’équipe artistique de croquer les fougères a présenté une performance sur le site des Eparges en Octobre 2017 dans le cadre du festival Densités. Toute l’équipe est de retour en juin 2018 pour poursuivre son périple au sein du Fort de Douaumont. Performances artistiques, installations sonores et visuelles pour interroger encore le paysage.

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Récit d’une épopée artistique

Le projet « Croquer les fougères… pour en finir avec le sacré ? » interroge le paysage et les traces de la Grande Guerre en s’imprégnant des Eparges, des Argonnes et du fort de Douaumont, ou encore du Camp Marguerre, lieu emblématique de l’arrière-front allemand. Des tranchées habitées d’un côté par des français, de l’autre par des allemands qui restent concentrées sur un territoire spécifique, entre deux nations. « En 1914, le soldat lit, écrit, photographie, il est l’acteur en même temps qu’il fait voir » résume l’historien allemand Gerd Krumeich. Car les outils de l’ère moderne se sont transportés jusque sur les sols combattants, donnant ainsi aux poilus les preuves mémorielles d’une guerre puissante et dévastatrice. Près de cent ans plus tard, le travail des artistes de cette résidence prend appui sur les visites faites sur les sites, la rencontre avec les archives dument conservées dans différentes institutions de la région. En arpentant les espaces de recueillement, l’ensemble de l’équipe a produit de multiples interrogations autour de la notion de sacré sur un territoire dédié au recueillement. Que reste-t-il aux lendemains de la mort du dernier poilu de la mémoire de la guerre ? Est ce que le sacré est devenu un emblème culturel de la région ? Comment les corps de performers s’engagent-ils dans la commémoration ?

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Réflexion, Recherche et développement: performance et énergétique du territoire

Lors des premières années de cette résidence, un vaste travail de recherches et de développement s’est mis en place. L’ambition de l’équipe artistique était de rendre visible les traces vivantes, de les « réactiver », de les interroger, grâce à un travail dans lequel le rapport entre le corps et la terre révèle des frontières poreuses. Au fil des séances, ils se sont interrogés sur les moyens artistiques capable de créer des liens entre l’histoire, les territoires de la bataille de Verdun, la nature et les plaies encore vives que cette dernière laisse parfois sur les paysages. Allant au contact de ces espaces –aujourd’hui- naturels et préservés, ils ont également fait la découverte de paysages où la nature a recouvré ses droits, devenant ainsi dépositaire de la mémoire de la première guerre mondiale. Ils ont appréhendé un paradoxe, parfois déstabilisant, mais toujours propice à la création, d’une nature à la beauté sidérante sur des lieux où la souffrance a été maître mot. Les Eparges, les Argonnes ou encore Douaumont s’entourent désormais de nouvelles espèces, de couleurs, d’odeurs toujours plus fortes. Si bien, que le centenaire prend de nouvelles forment sur ses territoires, qu’artistes et chercheurs de cette résidence ont voulu explorer.

C’est autour de la pensée chinoise que l’équipe a choisi de réfléchir les territoires. En réfléchissant aux nouvelles possibilités offertes par la médecine chinoise, les artistes se sont ainsi intéressés aux cinq éléments le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau comme matériaux prépondérants. Ils évoquent ainsi un mode d’action ou une symbolique plutôt que la matière en elle-même. Laurence Lenhard et Jeremy Damian –entres autres- ont établi une cartographie de la symbolique des éléments naturels du territoire meusien. Les cinq éléments ne sont pas des constituants de la nature mais cinq processus fondamentaux, cinq caractéristiques ou cinq potentialités de changement inhérentes à tout phénomène. La médecine chinoise est basée sur la théorie selon laquelle nous avons tous 12 canaux énergétiques qui parcourent notre corps : ce sont les méridiens. Comme le sang, l’énergie parcourt sans cesse le corps humain dont elle fait 50 fois le trajet en 24 heures. Enfin, chaque élément correspond symboliquement à une saison, une odeur, une couleur, et évidemment des émotions. Cette vision holistique du corps est ici transposée au corps du champ de bataille. Les parcours réalisés par les artistes en 2017 ont été en quelques sortes les méridiens de ce grand corps incarné par cette région.

Le spectacle : Là où tout commence… (De 843 à juillet 2018)

Le matériau principal de cette résidence est le corps. Une forme aux fonctions polyvalentes, qui vient se confondre avec la question du territoire ou du paysage. Métaphore des espaces végétaux où la terre prend une dimension toute poétique. Une terre magnifiée mais aussi une terre décharnée. C’est pourquoi, l’ensemble de l’équipe a décidé de se concentrer autour d’espaces hautement symboliques tels que les Eparges, les Argonnes ou encore Douaumont qui recèlent une énergie extrêmement forte. Cependant, au fil de leur visite dans la ville de Verdun notamment, l’idée de produire une performance dans la « zone de l’arrière-front » a commencé à germer au sein de l’équipe.

Ensemble, ils se sont rappelés le traité de Verdun conclu en août 843 les trois fils survivants de Louis le Pieux, petits-fils de Charlemagne se partagent ses territoires, l’empire carolingien, en trois royaumes. Il est souvent présenté comme le début de la dissolution de l’empire unitaire de Charlemagne, consacrant ainsi sa division, qui s’avèrera en fait définitive. Cet épisode, hautement symbolique, se situe dans la ville de Verdun. Pour l’équipe, cette scission est finalement le noyau essentiel de l’espace européen entre monde roman et monde germanique notamment. Une fracture que l’on retrouve des siècles plus tard, pendant la première guerre. Il ne s’agit pas d’un épisode historique fortuit car Verdun figurait comme épicentre de cet empire, tant sur le plan symbolique que sur le plan géographique. C’est entre autre autour de ce lieu, aujourd’hui délaissé par la grande Histoire de Verdun, que l’équipe artistique veut œuvrer. Les ruines, les terrains décharnés, les récits des guides ont amené les artistes à développer la problématique de vivre durant une guerre de position. Quelle pouvait être la vie sur un campement ? De quoi est composée la vie quotidienne dans le charnier ? Aujourd’hui, quelles sont les marques laissées dans la nature ? De ces rassemblements sont nés des interactions et des rencontres, des formes et des propositions différentes selon la durée convenue du spectacle du solo à l’ensemble de l’équipe. Réfléchissant les possibilités de structures de ces performances, l’idée d’un campement itinérant répondait au mieux au processus de recherches mené les années passés dans le cadre de cette résidence. Ainsi, l’équipe propose aujourd’hui un spectacle sur le site de la cour des Trois Rois, s’inscrivant dans un ensemble urbain contemporain empreint d’une histoire aux contours sacré.

L’équipe artistique déploie sur le camp une série de productions pour partager avec le public des expériences sensorielles immersives. Suivant les lieux et les durées, une série de performances et événements avec des rendez-vous horaires précis auront lieu. Ce « lieu de vie » en mouvement est aussi visitable comme une exposition en dehors des heures de performances. Suivant les possibilités et les impératifs de sécurités, il est envisagé de proposer au public de passer une partie de la soirée au sein même de l’installation.

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L’équipe artistique

Depuis 2014, sous la houlette d’Emmanuelle Pellegrini, poète, une équipe artistique composée d’artistes et de chercheurs s’est constituée dans le cadre du dispositif « Mémoire vivante » résidence soutenue par le département de la Meuse. Chaque membre de cette équipe a été choisi pour son appréhension singulière des paysages et leur charge mémorielle. Afin de produire une œuvre collective se déclinant en plusieurs temps, l’ensemble de l’équipe a tenu à assurer la conception de ce projet de manière collégiale. C’est ainsi qu’il présente une pluridisciplinarité de pratiques déployées ici à travers l’expérience d’un territoire.

Emmanuelle Pellegrini, Poésie-action-improvisation

Les performances d’Emmanuelle Pellegrini plus ou moins poétiques sont toujours (très) sonores. Elle croise la route de nombreux musiciens improvisateurs, de chorégraphes, de cinéastes, de poètes et de plasticiens. Son travail poétique est marqué par l’influence du poète sonore Bernard Heidsieck mais aussi de la poésie de Saint-John Perse, René Char, Eugène Guillevic, Gherasim Luca ou du romancier Samuel Beckett. La musique improvisée et contemporaine est un autre fondement de son travail. Sur scène elle pratique la poésie de manière improvisée, guidée par l’écoute, la mémoire. Le corps performé y occupe une place centrale. Dans ce parcours centré sur l’importance de l’oralité, elle a croisé la route de nombreux musiciens, danseurs, et a fait deux rencontres déterminantes : avec la chorégraphe Émilie Borgo et la percussionniste Elisabeth Flunger avec qui elle développe un travail de longue haleine sur différents projets. Dans le domaine de la pédagogie, elle dirige également des ateliers de voix-poésie sonore seule ou en collaboration avec d’autres artistes. Dans le domaine de la pédagogie, elle dirige également des ateliers de voix-poésie sonore en collaboration avec d’autres artistes. En Lorraine où elle est basée elle a réalisé de nombreux ateliers de poésie auprès des enfants (milieu scolaire), des personnes en situation de handicap et des personnes âgées ou encore des détenus avec le souci constant de mettre en avant le mot et le corps, les mots et les sons et toujours de manière multidisciplinaire.


Emmanuelle Pellegrini est diplômée de science politique et de relations internationales (université de Paris I), formée au journalisme (Celsa), elle dirige aujourd’hui l’association Vu D’un Oeuf, qui promeut la musique et la danse sous ses formes les plus actuelles. Elle programme le festival international de musique Densités ainsi qu’un ensemble d’actions culturelles en Meuse et en Lorraine.

Emilie Borgo, Danseuse et Chorégraphe

Titulaire d’un DU en art et performance de l’Université de Besançon, Émilie Borgo a également étudié la danse, la sociologie et l’ethnologie. Chargée d’études en ethnologie, elle s’est tournée rapidement vers la danse. Depuis de nombreuses années, elle crée des passerelles entre l’art et le vivant, qu’elle déploie à travers sa pratique chorégraphique. Émilie Borgo danse avec des enfants, des personnes en situation de handicap physique, social ou moral ou encore des personnes âgées. En 1999, elle fonde la Compagnie Passaros, privilégiant la création ouverte, basée sur une multidisciplinarité de pratiques (danse, poésie sonore, vidéo, son, etc..). Elle  transmet  régulièrement  son travail de création à l’occasion de workshops et ateliers ouverts en France et au Maroc.

Parallèlement, elle est éducatrice somatique et praticienne de Body  Mind  Centering®. Elle est artiste associée à des projets de Vu d’un œuf depuis de nombreuses années. Elle a fait partie de la résidence « Cabotage en Meuse » qui était une proposition de parcours artistique et de création dans le département.  Dans le cadre de cette résidence, Émilie Borgo réfléchit la question du sacré et de ses ambivalences en regard avec la violence des guerres et de leurs conséquences sur les territoires.

Jeremy Damian, Sociologue et Anthropologue UPMF Grenoble 2

Jeremy Damian est anthropologue intermittent de la recherche. Ses recherches le conduisent à cartographier, dans les franges de notre naturalisme moderne, des pratiques collectives de mise en culture de sensorialités aberrantes. Avec l’association Pli sur Pli, il tente de construire des milieux hospitaliers au côtoiement des savoirs académiques, des pratiques somatiques et des écritures contemporaines. Compagnon du TJP (CDN-Alsace), il coordonne la revue Corps-Objet-Image. Il a soutenu une thèse en 2012 intitulée Intériorités / Sensations / Consciences – les expérimentations somatique du Contact Improvisation et du Body-Mind Centering.

Elisabeth Flunger, Percussionniste

Elisabeth Flunger a étudié la musicologie, la composition et la percussion classique, l’ethnologie et la musicologie à Vienne. En tant que percussionniste classique, elle a travaillé avec des orchestres de musique classique, des ensembles de musiques contemporaines et en solo. 
Elle a travaillé en tant que musicienne, compositeur et performeuse dans des productions de théâtre et de danse mais aussi avec des artistes et des compagnies expérimentales. Dans le domaine de la musique improvisée, elle a joué avec Elliot Sharp, Burkhard Stangl, Achim Tang, Kazuhisa Uchihashi, Ute Völker. Parallèlement, elle tient régulièrement des workshops sur la musique contemporaine auprès d’enfants et d’amateurs. Elle conçoit des installations sonores de differentes façon, comme des pistes à billes, des bandes sonores pour des installations vidéo et des pièces enregistrées pour haut-parleurs.
Son instrument préféré est une collection d’objets métalliques appartenant au champ de la vie quotidienne qu’elle utilise pour des concerts, installations et performances. Elle a pour cela composé une série de pièces solistes et développé des techniques appropriées.

Avec cet instrument, elle conduit une recherche du son et de technique instrumentale selon la tradition de la musique contemporaine, jouant avec des actions physiques et spatiales et des manipulations des objets eux-mêmes, procédé qui permit de agrandir les actions du jeu jusq’à des performances de grande largeur et de concevoir des versions spécifiques au site et au sujet.

Céline Larrère, Chorégraphe

Céline Larrère cultive des objets mouvants-vivants au moyen de divers medias (danse, voix, performance, installation, photographie, écriture, cuisine) en solo ou en collaboration. Sa pratique s’enracine dans un travail de stimulation et d’assouplissement de l’attention, au-dedans et au-dehors. Elle sème le mouvement dans le terreau des expériences singulières et communes de notre existence d’Homo Sapiens, en bonne paysanne des terroirs chorégraphiques de l’imaginaire. En envisageant la vie comme un mouvement, comme une perpétuelle métamorphose de l’instant, sa danse bruitaliste échoue indéfiniment à répondre à la question : Qu’est-ce qui nous meut et qu’est-ce que nous mouvons ? Sensations, perceptions, pensées, images, déliriums, rêves, sont les forces nourricières d’un travail qui pousse en symbiose avec des publics, sorte de mise en culture qui ratiboise le corps de ballet pour semer la zizanie du ballet de corps. Elle a été en résidence pour différents projets de l’association Vu d’un Œuf, notamment « Jardin des délices » en 2013, « Fond-Forme-Patate » en 2016 (créations avec les résidants de l’ADAPEIM de Verdun et  Fresnes-en-Woëvre).

Laurence Lenhard, ingénieur en environnement, naturopathe

Laurence Lenhard est géographe et ingénieure en environnement et en urbanisme. Cette double compétence l’amène à travailler pendant 10 ans pour le réseau des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement. Elle occupe le poste de directrice adjointe  du CPIE de Meuse. Sa sensibilité l’entraîne vers la connaissance et la compréhension de la nature liant environnement, paysages, littérature, histoire et culture, avec toujours la volonté de transmettre aussi bien à des enfants qu’à des adultes. Elle aime créer des chemins de balades où se mêlent bien-être, écologie et sensibilité. Depuis 6 ans, elle pratique la naturopathie et l’énergétique chinoise pour aider à soulager les hommes et apaiser les lieux. Elle développe le concept de « géographie du sensible ». Elle a participé à de nombreux projets comme l’instauration de la zone Natura 2000 en vallée de Meuse ou celui d’un documentaire sur les paysages historiques des Côtes de Meuse ou « En traversant les lignes » piloté par Vu d’un œuf, dans le cadre des 90 ans de la bataille de Verdun. Laurence Lenhard a rejoint l’équipe dès 2014. Choisie pour son expertise et sa grande connaissance du terrain tant sur le plan historique qu’environnemental, elle conçoit le projet avec l’équipe artistique, l’oriente et lui donne des éléments de compréhension du terrain.

Lee Patterson, artiste, prise de son et installations

Basé à proximité de Manchester, je passe beaucoup de temps à puiser des paysages sonores dans mon environnement immédiat : la résonnance des barrières de sécurité d’une autoroute, les voitures qui passent, ou le langage secret des insectes et des animaux sous-marins font partie de mes réservoirs. Je suis fasciné par les sons du quotidien utilisant des micro-contacts sous –marins. Plus j’approfondis mon écoute, plus le monde sonore s’agrandit à mes oreilles. Comme beaucoup d’artistes avant moi, j’en suis venu à considérer le monde comme un générateur de sons incroyablement complexe et varié recélant des trésors sonores cachés au milieu d’un substrat sonore en apparence familier. Inspiré par la pièce “4’33” de Cage j’ai réalisé que définir le son comme de la musique ou du bruit dépend entièrement du contexte de notre écoute. Après avoir “récolté” ses sons, je les utilise comme un matériau de base pour jouer en solo dans le cadre d’improvisations ou d’installations sonores ou aux côtés d’autres improvisateurs et musiciens tels que Rhodri Davies, David Toop, Graham Halliwell, ou Helena Gough. Je crée beaucoup d’installations sonores en intérieur ou en extérieur, au Royaume-uni et à travers l’Europe.

Le compositeur et spécialiste de captation de paysages sonores a déjà « rencontré » la Meuse dans la résidence de création « Atmosphérique » mise en place par Vu D’un œuf en 2012.

Céline Pierre, Artiste Vidéaste

Auteure-réalisateure multimedia, diplômée de l’ENSBA l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris en performance. Conçoit et met en place avec CP&LP/Cie (architecte, chorégraphe, comédienne, auteure multimedia) des projets de participation des populations et réalise pour des lieux spécifiques des environnements de projections visuelles et sonores. Approfondit ces dernières années son travail de recherche de films-essais, pièces radiophoniques et électroacoustiques réalisés au CRR-Reims et au Centre National de Création Musicale Cesaré-Reims. Membre de la Plateforme des Musiques de Création du Grand Est et du Réseau National de Création Musicale Futurs Composés.

* Croquer les fougères est une résidence artistique soutenue par le département de la Meuse dans le cadre du dispositif « Mémoire Vivante » initié pour la commémoration de la guerre 14-18 ainsi que par la région Grand-Est en 2018. Avec le soutien de la mission histoire du département de la Meuse. L’association Vu D’UN OEUF est soutenue par la DRAC GRAND EST, la région GRAND EST, le département de la MEUSE, le PNRL et la Codecom de FRESNES-EN-WOËVRE.